Vol numéro 715 en provenance de L.A. [libre]

[Avis pour tous les passagers du vol Los Angeles - New York n°715]


Son premier voyage en avion. Emma n'aurait pas pu rêver mieux. Côté allée, donc absence d'ublot, donc, pas de vertige. Mais pas non plus de repos. Les allés et retours des hotesses et des passagers préssés la dérangeaient vraiment dans ses révisions. Et son voisin de droite n'était pas là pour l'aider, un bonhomme de la quarantaine qui transpirait abondement à cause de son stress. C'était pourtant un homme d'affaire habitué aux vols d'aprés ce que la jeune femme avait compris. Il devait certainement être atteint d'une maladie quelquonce. Le plus rageant était qu'Emma n'arrivait pas à faire un diagnostic clair. En résumé, elle n'arrivait pas à se concentrer et de ce fait, le voyage lui semblait particulièrement ennuyeux. N'arrivant pas à en vouloir à l'hotesse de l'air qui était vraiment gentille, Emma tourna sa colère sur l'occupant gras du siège d'à côté.

*Quelle idée de voyanger en avion quand son corps ne le supporte pas. Aprés tout les trains ne sont pas si horribles que ça...*

Mais même là, sa colère n'avait pas de raison d'être étant donné qu'elle même avait refusé de prendre un train pour voyager à cause du temps trop long et surtout des problèmes techniques réguliers. Et cela l'énnerva encore plus. Mais que pouvait-elle faire ? Elle n'avait pas prévu de ne pas être en mesure de travailler, donc elle n'avait pas de musique à écouter. Un vrai cauchemard. C'était donc avec un air boudeur qu'elle fixa son regard sur le dossier du siège d'en face.
Une activité complètement inutile et gratuite qui n'était pas dans les habitudes de l'étudiante. Mais elle était vraiment en colère contre tout le monde et le pire c'est qu'elle s'interdisait elle-même d'extérioriser sa rage. Elle essaya alors de se détendre et de vider sa tête afin de pouvoir diriger son esprit sur ce qu'elle allait faire dés l'attérissage et à plus long terme également.
Malheureusement, un bruit métalique, régulier et lointain l'empêchait d'atteindre la paix intérieur des moines tibétains. Trés rapidement, un de ses sourcils se fronça. Ensuite elle tourna la tête pour chercher la provenance du son. Elle se pencha vers l'allée mais rien. Aprés s'être réinstallée normalement sur son siège, elle tenta de comprendre ce qu'elle entendait. C'était un mélange de craquement et de grincement accompagné par du métal qui rendait le bruit sourd. Plus elle réfléchissait, plus elle avait l'impression que cela venait... d'une aile de l'avion.

- Excusez-moi monsieur, n'entendez-vous pas un bruit dehors ?

- Un bruit ? Non, je n'entends rien à part celui de l'avion... Mais c'est le même bruit depuis le décollage... Pourquoi cela mademoiselle ?

- Pour rien, désolée, c'est certainement mon imagination. Excusez-moi de vous avoir dérangé monsieur.

Son voisin n'entendait strictement rien. Et pourtant, vu son malaise, Emma croyait bien qu'au moindre bruit suspect il aurait sursauté comme un malade. Mais elle entendait toujours ce bruit. Pourtant ça ne pouvait pas être l'aile vu que, déjà, personne ne l'avait remarqué, et qu'en plus, si c'était réelement l'aile, le bruit serait plus puissant. Mais là c'était comme si elle l'entendait au travers d'une vitre épaisse, trés épaisse. Elle vérifia chez les autres passagers, mais aucun d'entre eux ne semblait entendre quoique ce soit de suspect.
Etonnée, voire complètement à la masse, Emma reposa son regard sur le siège en face du sien. En essayant à nouveau de comprendre se bruit elle se rendit compte que le dossier tremblait comme une feuille. L'homme assis en face d'elle était dans une crise de panique totale. Si bien que les autres passagers commencèrent à l'observer avec un air inquiet. Même le voisin d'Emma était intrigué. Soudain l'homme sauta de son siège en hurlant comme un malade:

- L... L... L'avion va s'écraser !!! J'entends son... son aile. Elle... Elle... Elle est en train de se briser !!!

L'homme était toujours levé, il s'était approché de l'ublot sur sa droite pour vérifier ses dires, tout en écrasant sa voisine au passage qui semblait plus perplexe que choquée ou énervée. Quels nerfs !
Emma quant à elle avait les yeux grands ouverts, pleins de stupéfaction et d'horreur. Apparemment, cet homme avait entendu les même bruit qu'elle. Mais il semblait que personne d'autre ne soit dans ce cas. Son horrible voisin à elle commencait à avoir des doutes, il s'était penché lui aussi pour vérifié, montrant ainsi à tout le monde un postérieur aussi impressionant qu'écoeurant.
Pendant ce temps une autre personne prit distinctement la parôle, une jeune fille qui demandé à l'appeuré de devant si il était sûr d'avoir entendu quelque chose. L'homme prit son temps avant de répondre, mais le voisin d'Emma le devança de peu:

- Il n'y à rien pourtant, l'avoin continu son vol normalement et il n'y a ni fumée ni dommage apparent. De plus, je ne crois pas avoir entendu quoi que ce soit.

Dieu soit loué, il avait apparemment oublié la question d'Emma datant de quelques minutes. Toutefois, cette déclaration rassurant ne fit pas son effet sur l'éffrayé en question.

- NON !!! Vous ne comprenez pas ! L'avion va s'écraser ! Il ne peut pas faire de tels bruit et voler normalement. Tenez: vous entendez, le bruit est devenu bien plus fort !!!

Et il avait raison, le bruit métalique ressemblait plus que jamais à une déchirure de métal, Emma en avait même mal aux dents. Son coeur commença à s'affoler et le bruit se fit de plus en plus fort, c'était une horreur. Mais On aurait dit que personne d'autre ne l'entendait hormis le passager en pleine crise qui avait déjà les mains collées sur ses oreilles. L'étudiante devait faire de sacrés efforts pour ne pas l'imiter.
C'est alors que la voisine auparavant écrasée intervînt avec un calme hors normes. Elle se leva et arracha les mains de l'homme pour les prendre dans les siennes. Elle lui déclara ensuite avec une voix parfaitement calme:

- Chéri, je t'en prie, calme-toi. Il n'y a pas le moindre bruit suspect. Le seul son qui se fait entendre et celui du moteur, je t'assure. Assieds-toi mon coeur.

Mais "son coeur" ne voulait pas en démordre, il soutenait mordicus qu'ils allaient tous mourir. C'est alors qu'arriva une brave hotesse de l'air, elle lui explica avec tout le calme dont elle pouvait user que d'aprés les pilotes, l'avion était en parfait état de fonctionement et qu'aucune chote n'était programée.
Toutes ses bonnes parôles eurent leur effet sur Emma. Celle-ci commenca à se détendre. Ces bruits lui avaient vraiment fait croire que l'avion allait tomber. Mais la sérénité n'arriva pas devant. L'homme était toujours prit de panique et de nouveaux tremblements violents parcoururent son corps. Sa compagne demanda alors à l'hotesse de lui apporter des calmants et avoua que son mari avait une phobie des avions.

*C'était une chique idée le voyage !*

L'hotesse exaspérée accepta de bonne grâce et se retourna pour chercher des comprimés. Seulement, à peine avait-elle tourné le dos au paniqué celui-ci en profita pour l'assomer de toutes ses forces.

- Elle est complice ! Ils le sont tous ! Ils refusent de nous dire que nous allons tous mourir !!!!